mardi 26 mars 2013

Le prix Martin d'Eugène Labiche

On peut être surpris que Peter Stein réputé pour avoir prodigieusement mis en scène des écrivains tels que Tchekhov, Von Kleist, Goethe ou  Botho Straus, avec lesquels  il se sentait en résonance profonde,  se frotte aujourd'hui à une pièce de Labiche. C'est ignorer -  comme je le faisais-  qu'il  a jadis monté en allemand La cagnotte du même auteur. Plutôt que de dépeindre, comme il est d'usage,  des  personnages un peu vains entraînés dans un tourbillon de quiproquos, il décrit avec une suave férocité la  bourgeoisie pantouflarde de la fin du XIXe siècle.
Martin passe le plus clair de son temps à jouer aux cartes avec son meilleur ami. Son épouse  a un amant qui lui chamboule le coeur. Un cousin arrivé d'Amérique latine, qui se prétend roi d'un peuple indien inconnu au bataillon, joue les farauds. Le domestique rappelle, quant à lui, constamment au maître de maison qu'il est son frère de lait. Le scandale éclate quand l'immensément naïf Martin a la révélation de son infortune.
L'intérêt de cette pièce, l'avant dernière de Labiche, est qu'elle fait se croiser des jeunes mariés dont les hormones ne cessent de prendre feu, une femme d'un âge plus avancé que son insatisfaction sexuelle jette dans les bras du premier homme qui lui déclare sa flamme et deux hommes au seuil de la vieillesse qui découvrent la force de leur amitié.
La réussite de spectacle tient pour l'essentiel à la subtile direction d'acteurs de Peter Stein. Sous sa férule attentive Jacques Weber se montre d'une cocasserie inattendue.  Laurent Stocker et Jean-Damien Barbin y vont de tout leur talent. Ils entraînent sans mal dans leur sillage les jeunes Rosa Bursztein, Manon Combes et Julien Campani Et les répliques au rasoir de faire constamment mouche.
Jusqu'au 5 mai Théâtre de l'Odéon tel 01 44 85 40 40

 

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