samedi 16 juin 2012

La pitié dangereuse de Stefan Zweig

Alors que Freud tentait de saisir les causes du mal être de ses patients, son contemporain Stefan Zweig, qui appartenait comme lui à la communauté juive de Vienne, se lança dans l'écriture de romans dont les personnages ignoraient tout de leur zone d'opacité. La pitié dangereuse, la première de ses oeuvres, se déroule à la veille de la première guerre mondiale. Un jeune officier de cavalerie qui a le sentiment d'avoir offensé une jeune paralytique s'inquiète d'elle, vient de plus en plus fréquemment lui tenir compagnie. Il n' a pas conscience qu'il s'avance, ce faisant en terrain boueux.

Il ne voit pas les yeux plein d'attente de la jeune handicapée que la présence du militaire débordant de santé exalte. Prenant plaisir  à converser avec cette richissime héritière à l'intelligence survoltée mais sujette aussi aux coups de lune, il ne prend pas garde aux propos de son médecin (sorte de double de l'auteur) qui tente de lui faire entendre que la pitié qui l'anime aura fatalement des conséquences désastreuses sur une âme autant en peine que celle de sa patiente.
On ne peut qu'applaudir à l'adaptation théâtrale qu'a réalisé à partir du volumineux roman de Zweig Elodie Menant qui incarne aussi l'amoureuse transie. Stéphane Olivié Bisson qui signe la mise en scène a pris garde de laisser deviner les pestilences de l'air de ce temps où l'antisémitisme polluait déjà l'atmosphère. Un spectacle qui ne peut que plaire à un public amateur et de romanesque et de plongée dans ce temps que l'écrivain dans son écrit ultime appela "Le monde d'hier"

Jusqu'au 3O septembre Lucernaire tel O1 45 44 57 34

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