A travers La nuit arabe et Le dragon d'or, écrites à dix ans d'intervalle et qui toutes deux se déroulent dans des immeubles habités par une population peu fortunée Roland Schimmelpfennig figure phare du jeune théâtre allemand, règle ses comptes avec notre temps. Mais contrairement aux dramaturges des années 70 tel que Franz Kroetz, il ne se contente pas de reproduire le quotidien de ses contemporains les moins choyés par le sort. La particularité de son théâtre est que réalité et merveilleux ne s'y lâchent pas d'une semelle.
S'il rappelle constamment que la barbarie est au coeur de la civilisation, il a le chic pour rendre cocasse les situations les plus intolérables. Qu'ils soient faits de chair et de nerfs ou droits sortis d'un conte des mille et une nuit comme dans La nuit arabe ou de la fable La cigale et la fourmi dans Le dragon d'or, les personnages traversent d'abominables épreuves. Mais la maîtrise et l'humour dont font preuve les comédiens (Jean-Claude Durand, Claire Wauthion, Agathe Molière, Alexandre Zambeaux, Clément Carabédian, Marianne Pommier) sont tels qu'on se surprend souvent à rire. Dans Le dragon d'or, la plus réussie et récente des deux pièces, chacun des acteurs joue plusieurs rôles, change régulièrement d'identité sexuelle et s'affronte à un texte abondant dans lequel alternent dialogues, récits et soliloques.
Une structure métallique à trois étages oblige les interprètes à constamment monter et descendre des escaliers.Ce qui en dit long sur la difficulté d'être des innombrables personnages qui peuplent les lieux. Employé dans la cuisine d'un restaurant thaï-chinois-vietnamien, un jeune émigré clandestin qui souffre d'une rage de dents connaît le destin le plus tragique. L'auteur dénonce via ce malheureux la violence d'Etat qui s'exerce aujourd'hui contre les sans papiers.
Fine mouche, la metteuse en scène Claudia Stavisky a saisi que Schimelpfennig est le dramaturge contemporain le plus à même de faire respirer l'air des temps accablants que nous vivons. Grâce aux acteurs qu'elle a choisi avec discernement l'ironie dont il fait preuve pour renforcer son propos est présente de bout en bout.
Jusqu'au 16 octobre Célestins Lyon tel 04 72 77 40 00 puis du 3 au 10 novembre Théâtre de la Manufacture - Nancy, les 22 et 23 novembre Nouveau Théâtre d'Angers, du 29 nov au 3 déc La Criée - Théâtre national de Marseille, du 13 au 16 déc Théâtre national de Bordeaux
mercredi 12 octobre 2011
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire