vendredi 9 avril 2010

Richard II de William Shakespeare

Connu surtout pour avoir été le metteur en scène attitré de Thomas Berhardt qu'il montait au Burg theater de Vienne, le public ne pardonna jamais à Claus Peymann sa connivence avec cet écrivain qui jusqu'à son dernier souffle dépeignit l'Autriche comme un repaire de nazis. A la tête aujourd'hui du Berliner Ensemble il a porté son choix sur Shakespeare qui question monstres en connaissant lui-aussi un bout.


Comme les personnages dont on va suivre la trajectoire le décor semble légèrement bancal. Un cousin du jeune roi cherche l'embrouille en dénonçant les agissements d'un courtisan. Les deux hommes seront bannis pour quelques années du royaume. Aussi dénué de scrupules que les autres souverains dont le destin inspira Shakespeare , Richard II s'empare à sa mort des biens de son oncle, père du cousin qu'il a éloigné. Le prince spolié fera connaître son désaccord avec une rudesse. qui poussera son parent à lui donner sa couronne. C'est là une des scène les plus marquantes de ce spectacle dont le début avec ses personnages vêtus tout de blanc ou de noir évoque le cinéma expressionniste. La deuxième partie est quant à elle carrément trash où l'ex roi désormais hors jeux est victime d'un peuple qui le couvre de détritus et de merde.

Cette pièce sur la Comédie du pouvoir n'est pas de celles qui sont le plus souvent représentées. Pourtant avec plus de finesse que d'autres plus connues, elle dénonce les noces de la politique et du crime. Ce faisant elle arpente simultanément l'Histoire et le présent. La traduction qu'en a réalisée l'auteur Thomas Brasch (1945 -1991) est d'une poésie aussi abrupte que les écrits de Verlaine (non, non, je n'ai pas bu un coup de trop!) Si les acteurs sont tous, sans exceptions, remarquables, on ne peut que rester scotché devant les prestations éblouissantes de Michael Maertens (Richard II) qui lorsqu'il est à bout de déchéance fait songer à un enfant maltraité et de Veit Schubert (le cousin qui le dépose). Claus Peymann a, c'est l'évidence, le don pour trouver le point de jonction entre un comédien et un rôle. C'est une des nombreuses raisons pour laquelle son spectacle est l'un des plus percutant qu'il nous a été donné de voir.

Jusqu'au 11 avril Théâtre de la Ville tel 01 42 74 22 77

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