vendredi 20 novembre 2009

Premier amour de Samuel Beckett

Comme tous les personnages nés sous la plume de Beckett le narrateur de Premier amour semble lové dans les profondeurs de son être. Il y a peu il a perdu son père et a trouvé ses affaires empilés devant sa porte par les habitants de son ancien logement. Lors de ses visites au cimetière où il se promène volontiers il a pris l'habitude de manger sur une tombe et découvre sur certains caveaux des inscription d'une telle drôlerie, que secoué de rire, il est obligé de s'accrocher à une croix.
Assis sur un banc il fait connaissance d'une certaine Lulu qui lui demande où il en est de ses projets. La demoiselle est tenace et bien qu'il lui demande pourquoi elle vient l'importuner tous les soirs elle arrive à ses fins, c'est-à-dire à l'installer dans son deux pièces-cuisine. Bien qu'il ne soit en rien épris de cette fille au visage suspendu entre la fraîcheur et le flétrissement, elle se retrouve, prétend-elle enceinte de ses oeuvres.
Alors que le bonhomme est ostensiblement solitaire, il a la conscience jacassière. Le texte admirablement servi par Alain Macé donne à la réalité une texture faite d'humour et de cruauté. Sans effet de style ou d'imagination et par l'extrême retenue de son jeu, il réussit un geste d'artiste saisissant. Sami Frey, comédien dont on n' a plus à vanter les mérites, joue actuellement sur une autre scène parisienne la même partition. Il ne fait pas de doute que moins renommé Alain Macé l'égale en talent
Jusqu'au 19 décembre Les dechargeurs tel 08 92 70 12 28

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