samedi 11 avril 2009

Les salades à Malek de et par Lounes Tazaïrt

Imparable amuseur, Lounes Tazaïrt est de la trempe si justement appréciée d'un  Fellag. Capable d'observations suraiguës, il dresse les portrait d'une série de personnages hauts en couleur tous d'origine maghrébinne. Se succèdent un chibani (vieil homme) dont la façon d'écorcher les mots est un régal (William Shakespeare devient dans sa bouche William j'expire tandis que l'audiovisuel se transforme en idiovisuel...), une vieille fatma qui écoute les doléances d'une cousine persuadée que son petit-fils est homosexuel lui dit, histoire de la calmer, que ce dernier est moitié bicot, moitié biquette.  
L'acteur accumule les transformations, se déguise en fille à nattes zézayante qui après être tombée raide dingue d'un africain à la recherche d'une fille avec laquelle il puisse contacter un mariage blanc afin d'obtenir des papiers, veut épouser un asiatique tout en sachant pertinemment que sa famille s'opposera à ce mariage si peu conforme aux traditions.  On le retrouve dans un sketch suivant en rocker à la ramasse convaincu que la disparition du King a été fatale à son art et qui se retrouve aujourd'hui dans la peau de ce qu'il appelle "un rocker itinérant".  Cerise sur le loukoum, pour parler à sa façon , son interprétation d'un junky qui tient  sur notre société qui enfermerait volontiers tous ceux qui ne marchent pas droit derrière les hauts murs, des paroles d'une fabuleuse acuité.  
Animé d'une ardeur qui n'est pas monnaie courante, Lounès Tazaïrt réussit le prodige de réaliser un spectacle bidonnant, crépitant d'inventions et d'une salubre clairvoyance politique. Dommage que les producteurs  ne s'y précipitent pas. Il pourrait faire un tabac. 
Tous les vendredi 21h Théâtre Darius Milhaud            

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