dimanche 10 novembre 2019

21, Rue des sources. Texte et mise en scène Philippe Minyana

Ecrivain de théâtre et non des moindres, Philippe Minyana n'a jamais fait mystère de sa hantise du passé. Accompagnée de l'Ami, Nadine se retrouve dans la maison où elle a passée sa vie. Sans nostalgie mais avec parfois des accès d'acrimonie le fantôme qu'elle est devenue s'éveille à ses souvenirs. Lesquels ne sont pour la plupart guère réjouissants. Sa mère tenait, avec l'aide de ses trois filles, une épicerie. Au cours de la visite des pièces du petit immeuble que son père a construit et dont elle souligne la laideur, elle s'enquière auprès de l'Ami du sort de ceux qu'elle a connus. La plupart ne sont plus de ce monde, d'autres sont en maison de retraite. Peu d'entre eux échappent à sa hargne. Le parler aigre que Minyana manie avec un art consommé suscite fréquemment le rire.  Le climat s'adoucit aussi à l'évocation  de moments heureux. Tel, pour Nadine, la nuit où sa mère la fit descendre à la cave voir son père fabriquer de la gnôle.L'Ami, lui se remémore du bonheur que lui procuraient ses ballades en solitaire dans la campagne. Les deux comparses font tout du long des allers et venues dans le temps. L'histoire de chacun est marquée par les évolutions de la société. Nadine se maria. Son couple fut aussi mal assorti que celui de ses parents. Elle eût trois enfants qu'elle étouffa, surtout  l'aîné, de son amour.  Sa progéniture partie, sa peine à vivre se fit plus grande. Elle fit plusieurs tentative de suicide. Finit par arriver à ses fins. Si malgré la poisse dont il est constamment question le spectacle enchante c'est que l'auteur-metteur en scène a trouvé en Laurent Charpentier et Catherine Matisse des comédiens bluffants de savoir-faire. Il est vrai qu'il est réputé pour diriger ses interprètes avec un rare brio. La pièce, on l'aura saisi, est quant à elle une véritable perle. Jusqu'au 1er décembre Théâtre du Rond-Point tél 01 44 95 98 21.

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