jeudi 3 octobre 2019

Madame Zola d'Annick Le Goff

A son arrivée chez elle, après la cérémonie - qui se déroula en 1908 c'est-dire six ans après sa mort - au cours de laquelle les cendres d'Emile Zola ont été transférées au Panthéon, Alexandrine, sa femme, prise d'une méchante toux appelle Fleury, son apothicaire. Cet homme est réputé pour les recettes dont il est l'inventeur. Même si elle se montre parfois d'une humeur de dogue, Alexandrine peu à peu, se confie à celui qu'elle considère avec une sympathie qui va en s'accentuant. Alors qu'elle parle, allongée sur un divan, il a, lui, pris l'habitude de s'asseoir derrière elle, comme le font à cette époque les apprentis psychanalystes. Mine de rien, Fleury pousse madame Zola à aller au fond des méandres de sa mémoire. Et de se souvenir qu'au yeux de la mère de l'écrivain, elle n'était pas d'assez haute condition. Elle en arrivera à se délester d'inavouables secrets. Et l'on en apprend de belles. De là à se demander si elle n'inspira pas le personnage de Nana... Il apparaît petit à petit qu'Alexandrine et Fleury (dont elle tient à ce qu'il jette, lui aussi le masque) ont en partage d'avoir connu une vie conjugale mouvementée. Haï par les nationalistes parce qu'il avait fini par prendre fait et cause pour Dreyfus, Zola fut l'objet de menaces et même de tentatives de meurtre.Elle n'en mena, elle-même, pas large. Si le spectacle de bout en bout accroche c'est que l'écriture d'Annick Le Goff est d'une clarté et d'une saveur peu courantes. Anouche Setbon, la metteuse en scène a de plus trouvée en Catherine Arditi, tantôt franche du collier, tantôt toute de sensibilité une Alexandrine (Coco dans les moments d'intimité avec celui qui deviendra son mari) attachante au possible. Face à elle Pierre Forest compose avec un talent aussi discret qu'éprouvé un homme dont les remarques avivent ou apaisent des tensions qui font échos aux siennes. Petit Montparnasse tél 01 43 22 77 74

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