lundi 13 février 2017

La rêgle du jeu d'après le scénario de Jean Renoir

Depuis son insolite et saisissante adaptation des Trois soeurs (What if they went to Moscow) la metteuse en scène brésilienne Christiane Jahaty bénéficie d'un engouement dont on se félicite. Ne manquant visiblement pas d'air, elle s'attaque cette fois à La règle du jeu dont Jean Renoir fit le chef d'oeuvre que l'on sait. La représentation s'ouvre sur un film d'une grosse vingtaine de minutes où le maître de maison (Jérémie Lopez tient le rôle créé autrefois par Marcel Dalio) reçoit, à l'occasion d'une fête, ses convives. La frénésie mondaine bat son plein. Son sommet est atteint avec l'arrivée non comme chez Renoir d'un héros de l'aviation mais d'un navigateur (Laurent Lafitte) qui a sauvé en Méditerrannée nombre de réfugiés. Quand le film s'arrête (pour repartir sur la fin) la plupart de ces personnes qui mènent à l'évidence une existence dorée ont disparues. Commence une séquence durant laquelle les protagonistes chantent, se déguisent, se poursuivent mais se laissent aussi aller à leurs tourments. Dès ce moment Christiane Jahaty distord le récit ce qui a pour effet que l'on n'y comprend parfois goutte. On a toutefois durant toute cette séquence le sentiment de l'imminence d'un désastre moins politique que chez Renoir, qui tourna le film en 1939, que sentimental. Celle qui engendre les passions est Christine l'épouse du possesseur des lieux (Suliane Brahim dont la carrière pourrait être incandescente). Ses diverses inclinations provoqueront l'irréparable. En contre point les amours de la domestique (Julie Sicard,) mariée à un serviteur jaloux, et du braconniers engagé depuis peu aux cuisines (Eric Genovese) apparaissent délicieusement coquins. Le public qui a la surprise d'assister à des allers-retours entre théâtre et cinéma semble aussi (pour certains...) apprécier que des scènes se jouent au beau milieu de l'honorable salle Richelieu et même dans les travées. Jusqu'au 15 juin Comédie-Française Salle Richelieu tél 01 44 58 15 15

Aucun commentaire: