lundi 9 janvier 2017

Karamazov d'après Les frères Karamazov de Dostoïevski

Oeuvre d'une amplitude et d'une densité démesurées Les frères Karamazov, dernier roman de Dostoïevski, semblait peu faite pour être transposée au théâtre. Jean Bellorini n'en a eu cure et a réalisé une adaptation d'une fidélité mais aussi d'une audace confondantes. Comme d'ordinaire l'auteur a imaginé des personnages qui semblent avoir été victimes d'une commotion psychique. Fiodor Karamazov filoute depuis toujours ceux qui ont la malchance de croiser son chemin. Deux fois veuf, il a eu de sa première femme un fils, Mitia (Jean-Christophe Folly) de sa seconde Alexeï et Aliocha.Jamais il ne s'est préoccupé de leur sort. Il a aussi engrossé une mendiante apparemment débile qui avant de mourir a donné naissance à un garçon qu'il a surnommé Smerdiakov. Celui-ci est devenu son homme à tout faire. A l'exception d'Aliocha qui se destine à une carrière sacerdotale, les fils portent à leur géniteur une une haine exorbitante. Celle de Mitia est d'autant plus exaspérée que le vieux grigou lui a dilapider son héritage et que les deux hommes se sont épris de la même jeune femme : Grouchenka. Aux abords de la vieillesse, Fiodor est resté, comme il le fut toujours, amateur de chair fraiche. Ses turpitudes lui coûteront cher. Aux prises avec un pervers aucun des fils ne peut s'en sortir. Ils connaîtront tous des destins effroyables. La surprise est que Aliocha, considéré par tous comme un guérisseur des maladies de l'âme, se montrera pour le moins réservé lorsqu'il lui est demandé s'il est vrai que les juifs assassinent des enfants chrétiens afin de se servir de leur sang pour fabriquer du pain azyme. Il importe de se rappeler que la connaissance considérable de l'esprit humain de Dostoïevski ne l'empêcha pas d'écrire dans un revue d'un antisémite virulent. Jean Bollorini a su éviter de se cantonner à la noirceur du roman. Le spectacle est constellé de moments délicieusement divertissants, notamment celui où Smerdiakov (Marc Plas) chante le succès d'Adamo "Tombe la neige"...Il faut bien sûr ajouter que la scénographie conçue par le metteur en scène et la traduction du roman fleuve par André Markowicz sont purs bonheur. Jusqu'au 29 janvier TGP Théâtre Gérard Philipe Centre dramatique national de Saint-Denis tél 01 48 13 70 00

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