jeudi 12 mai 2016

Je suis Fassbinder de Falk Richter

Fassbinder n'y alla jamais pas quatre chemins. Lorsque pour les besoins du film collectif "L'Allemagne en automne", réalisé en 1978, il poussa sa mère à extirper des bas fonds de son être les sentiments que lui avait inspiré le nazisme elle finit par lâcher qu'elle en avait été proche. Le spectacle que met en scène Stanislas Nordey et Falk Richter (qui en est aussi l'auteur) s'ouvre sur une pareille discussion. L'affrontement de deux acteurs dont l'un joue le rôle de la mère, porte sur les événements qui eurent lieu la nuit du 31 décembre essentiellement à Cologne. La "mère" déplore qu'Angela Merkel ait favorisé l'installation en Allemagne d'une foule d'hommes jeunes originaires de pays musulmans où la femme, en particulier occidentale, est méprisée. Ces désaccords se poursuivront tout au long de la représentation qui aborde de front les conflits d'une société qui, comme celle de l'Allemagne du milieu des années 70, se trouve en état d'urgence. Appartenant à la même famille de pensée, Richter et Nordey brandissent les dangers qui menacent, au premier plan, le succès que rencontre aujourd'hui dans toute l'Europe les courants nationalistes et xénophobes. La raison pour laquelle le spectacle donne du grain à moudre à nos esprits n'est pas que politique. Les contradictions personnelles de Fassbinder ne sont pas passées sous silence. Personnalité incontrôlable, il pouvait se montrer avec son entourage d'une injustice et d'une brutalité aussi grandes que celle de la plupart des personnages de ses films et pièces de théâtre. Femmes et homosexuels apparaissent dans ses oeuvres autant victimes de la vilénies de leurs proches que de leur propres perversions. A l'image de ses oeuvres la création de Stanislas Nordey et de Falk Richter est celle de deux immenses artistes. Il est de nombreux moments comme ceux où sont projetés des plans des films de Fassbinder ou des vidéos d'Aliocha Van der Avoort ou encore ceux où chante d'une voix qui terrasse Thomas Gonzalès, qui font chavirer. Et font oublier l'état de colère et de crainte où nous plongent ces visions des temps de brute que nous vivons. La distribution qui, outre Nordey, comprend Laurent Sauvage, Judith Henry, Eloise Mignon et Thomas Gonzalès est à vigoureusement saluer. Jusqu'au 4 juin La Colline-Théâtre National tel 01 44 62 52 52

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