mercredi 26 septembre 2012

Antigone de Jean Anouilh

Considéré autrefois comme une sommité des lettres, Jean Anouilh n'avait plus n'avait plus été  hébergé par  la Comédie Française depuis des décennies. Sa propension à déballer ses aigreurs et ses phrases si souvent sentencieuses qui donnent à son théâtre une tonalité artificielle y sont certainement pour beaucoup. Son Antigone méritait toutefois d'être réévalué.

 Marc Paquien à  qui a été confiée la mise en scène a  pris la bonne initiative de faire jouer la pièce dans des  costumes d'aujourd'hui. Il a aussi saisi que Créon sort du rang des meurtriers ordinaires en voulant  dans un premier temps condamner Antigone, sa nièce, non à la mort promise à ceux qui, comme elle,  veulent donner une sépulture à son frère Polynice mais à la peine de vie. Cet homme est persuadé que le responsable de la cité qu'il est devenu a le devoir de dompter les passions personnelles et non de défendre les devoirs légitimes de l'individu. Mais il a affaire à  une jeune fille, presque une enfant  au cran bien trempé. Las de son refus à se soumettre à ses arguments et à tenir compte que ses frères morts loin d'être des individus admirables avaient l'âme meurtrière, il finira, comme dans la tragédie de Sophocle , à lui faire payer au prix le plus fort son acharnement à ne pas se laisser pervertir par les compromissions, à ne pas abjurer ce qu'elle considère  comme un droit sacré.

Françoise Guillard, décidément l'une des personnalités les plus attachantes de la troupe, s'impose avec une présence fébrile dans le rôle de la femme enfant qui tient tête à un homme imbu de son pouvoir. Face à elle Clothilde De Bayser dans le rôle si ardu du choeur impose une présence subjuguante  qui semble soutenu par un savoir transcendant. Dans le rôle d'Hémon, fils de Créon qui éprouve pour Antigone un fol amour, Nâzim Boudjenah, qu'on savait être un comédien d'excellente facture, assène la preuve que non seulement le bonheur n'est pas de tout repos mais qu'il peut aussi se gagner en accompagnant  l'objet de sa passion dans le repos éternel...


Jusqu'au 24 Octobre Théâtre du Vieux -Colombier  tel 01 44 39 87 00

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