jeudi 5 avril 2012

Mesure pour mesure de Shakeseare

Dans cette pièce rarement montée (elle l'a néanmoins été récemment et de brillante manière par Jean-Yves Ruf) Shakespeare met, comme souvent, l'accent sur les exactions des puissants. Désireux de prendre du champs, le duc de Vienne délègue pour une période indéterminée son pouvoir absolu à son cousin Angelo dont la réputation d'intégrité est reconnue par (presque) tous. Ce parangon de vertu a quelque peu tendance à confondre plaisir de la chair et noirceur de l'âme. Ce qui le pousse à faire condamner à mort un homme jeune qui, sans l'avoir encore épousée, à rendu enceinte la fille qu'il aime.

Le condamné supplie sa soeur, une gracieuse novice, d'intercéder en sa faveur auprès de leur nouveau seigneur. D'abord inflexible, ce dernier, séduit par les attraits de la demoiselle,ne va pas tarder à devoir affronter des forces aveugles, à savoir celles de sa libido.Il accepte de gracier le frère si la soeur couche avec lui. Un moine au sourire bénin va alors s'en mêler et jouer avec une perversité enjouée des sentiments et des désirs de chacun.

Disons le tout net si la patte de Thomas Ostermeyer, l'un des plus grands de la scène allemande, est incontestable, ce spectacle ne vaut pas, et de loin, Othello et surtout Hamlet auxquels il s'est précédemment mesuré.Les comédiens sont, comme toujours chez lui, solides au poste. Mais qu'avait-il besoin de céder au goût de la provocation à deux balles en nous infligeant entre autres le spectacle d'un fier à bras qui se masturbe ou de faire se mouvoir la novice - qui n'est pas du genre à pratiquer le pardon des offenses - dans une robe blanche parsemée de taches de sang, signe un peu trop évident du viol dont elle a été victime. Pour ce qui est des réserve qu'inspire la représentation on peut aussi déplorer la piètre qualité de la traduction qu'on peine à lire sur les surtitres.

Par ailleurs, il s'agit évidement d'une représentation de haute tenue dont les protagonistes se révèlent aussi remarquables chanteurs que comédiens.Les récitatifs chantés sont d'une beauté à ne pas croire. En les introduisant de multiples fois, Ostermeyer fait preuve d'une audace, celle-là, digne de lui.

Jusqu'au 14 avril Théâtre de l'Odéon 6e tel 01 44 85 40 40

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