jeudi 15 mars 2012

Erzuli Dahomey, déesse de l'amour de Jean-René Lemoine

La folie ordinaire des familles s'étale dès les premières scènes.Victoire qui a foiré sa carrière de comédienne est une devenue une bourgeoise survoltée qui vit entourée de sa fille et de son fils, des jumeaux épris l'un de l'autre, leur précepteur et Fanta, la bonne à tout faire. La pièce démarre avec l'annonce du décès au Mexique de Tristan, le fils ainé parti chercher son orient en s'éloignant le plus loin qu'il pouvait de sa génitrice. Après son inhumation dans le caveau familial surgit Félicité, une sénégalaise à l'allure et au comportement saugrenus, venue chercher la dépouille du sien de fils. Victoire la prend évidement pour une folle. Mais le fantôme d'un jeune africain rôde dans la maison. Ses apparitions ont sur ses habitants des effets disons contrastés.

Auteur dramatique d'origine haïtienne, Jean-René Lemoine - qui d'ordinaire met ses pièces lui-même en scène - a écrit une oeuvre qui emprunte à plusieurs registres : le vaudeville (dont il dézingue les codes), le mélo et le fantastique. Pas dissimulateur pour un sou, il laisse allègrement percer l'influence qu'ont eu sur lui Almodovar et le Pasolini de Théorême. Le spectre (auquel Nâzim Boudjenah prête avec élégance sa nudité recouverte de peinture noire)apportera à chacun des protagonistes la clé de son accomplissement.

Eric Genovèse a monté ce texte si riche d'incongruités avec une audace qui laisse coi. Le seul reproche qu'on lui adressera est d'avoir cédé - mais pas à profusion - à la mode de la vidéo en fond de scène. La surexcellence des comédiens Claude Mathieu, Serge Bagdassarian et Bakary Sangaré et de Françoise Gillard et Pierre Niney dont les moments dansés apparaissent comme des pieds de nez à l'adversité est évidement pour beaucoup dans la réussite de cette création si peu conforme à celles dont nous a habituée la maison de Molière.

Jusqu'au 15avril Théâtre du Vieux-Colombier tel 01 44 39 87 00

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