jeudi 11 décembre 2008

John Gabriel Borkman

On a pu à de nombreuses reprises remarquer la propension des metteurs allemands à dépasser les bornes. Thomas Ostermeyer, leader du jeune théâtre germanique ne s'en est, au cours de ses innombrables mises en scène,  pas privé lui non plus. Mais  Ibsen, dont il avait déjà monté Nora (Maison de poupée) et Hedda Gabler  lui donne visiblement le goût de la sobriété. Il faut dire que le désordre qui ravage les territoires intérieurs des personnages ne donne pas envie d'en rajouter. En cette saison de déroute financière il ne pouvait faire meilleur choix que John Gabriel Borkman. Banquier de son état, ce fils de mineur a en effet grugé la presque totalité de ses clients ce qui lui a valu cinq ans de taule. Il est ensuite rentré chez sa femme qui l'a relégué à l'étage du haut de leur manoir tandis que leur fils était élevé par sa tante.  Les années ont passées, le fils devenu adulte est revenu vivre avec sa mère. La pièce débute au moment où Ella, la soeur jumelle de madame Borkman resurgit après plusieurs années d'absence et demande d'avoir jusqu'à sa fin qu'elle sait proche son neveux à ses côtés.  Mais le jeune homme envoie dinguer mère et tante pour partir vivre avec celle qu'il a choisi. Tout au long de la pièce, comme dans toute l'oeuvre d'Ibsen les secrets de famille, souvent crapôteux vont se dévoiler.  Comme chaque fois qu'il se mesure à l'auteur norvégien, Thomas Ostermeyer fait preuve tant sur le plan de la mise en scène que de la scénographie d'une maîtrise vertigineuse. Un verre translucide occupe le fond de scène, chaque fois que le plateau tourne jaillit une mince fumée. Les personnages d'une densité qui suscite le malaise sont défendus par des comédiens d'exception parmi lesquels le public français reconnaîtra Angela Winkler à qui l'immense Peter Zadek confia, il y a quelques années le rôle d'Hamlet et qui fut au cinéma notamment l'héroïne  du film de Volker Schlöndorff L'honneur perdu de Katarina Blum. Le prodige est que les années ne semblent pas laisser sur elle l'ombre d'une empreinte. Ce spectacle de haute tenue  est le premier à être présenté dans le cadre de Prospero, accord de coopération culturelle qui réunit les théâtres de six pays européens dont le TNB (Théâtre national de Bretagne) est l'un des membres. Le moins qu'on puisse dire est que le projet semble bien parti. (jusqu'au 13 décembre Théâtre national de Bretagne à Rennes, du 2 au 11 avril 2009 Théâtre national de l'Odéon Paris 75006)

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