Que le cercle familial soit un creuset de violences a été répété tant et plus. Mais jamais de la manière dont le fait ce spectacle joué, à la fois en langue des signes et en langage parlé. Il a pour cadre l'arrière-boutique d'une boucherie. Y vivent le couple parental et leur quatre enfants devenus adultes. Persuadée d'être stérile, la mère convainquit son mari d'adopter un môme. Quelques années plus tard elle accoucha de triplés qui vinrent au monde sans pousser un cri. Elevé comme ses soeurs, le garçon, raconte la mère (qui n'en dit jamais mot à ses enfants!), fut toujours, comme elles, vêtu de robes.Une éducation qui porte ses fruits évidement vénéneux.
Mais pas plus que les auteurs, Philippe Carbonneaux en charge de la mise en scène, ne fait oeuvre réaliste. La salle où a été créé le spectacle fut longtemps le temple du Grand Guignol. Genre auquel appartient Une sacrée boucherie. Compagnon de route de Joël Pommerat - dont il a adopté le style syncopé - le maître d'oeuvre réussit une subtile association de burlesque, de tragique et d'épouvante. Le sang parfois jaillit à flot. La scène suivante est immanquablement de farce.
Comédienne de premier rang, Chantal Liennel est l'incarnation de ces mères si folles qu'elles suscitent chez leurs enfants un insatiables besoin de consolation ou les rendent aussi déments qu'elle. Mais c'est le père absent de ses propres gestes auquel la mère rappelle à tout bout de champs de prendre ses médicament qui est ici désigné comme délirant...
Spectacle d'une insistante et prenante étrangeté, Une sacrée boucherie termine sa carrière parisienne mais sera à coup sûr repris la saison prochaine. Son succès public a pour conséquence qu'il entame une importante tournée en province.
Jusqu'au 27 octobre IVT - International Visual Theatre tel O1 53 16 18 18
le 3 déc - L'Odyssée (Périgueux), du 26 au 29 mars 2014 - Théâtre National de Toulouse, du 15 au 16 avril Comédie de l'Est (Colmar)
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