Dans La métamorphose Kafka plonge dans le cauchemar d'un homme qui un matin se découvre transformé en insecte. Dans la nouvelle Rapport pour une académie il imagine un parcours inverse : un gorille est capturé au coeur d' une jungle luxuriante après avoir été atteint de deux balles. Il est embarqué dans un navire à destination de l'Europe et enfermé dans une cage. A son arrivée il a le choix soit de couler des jours monotones dans un zoo soit de se produire dans un music hall. Il opte pour la seconde solution. Mais pour cela il lui faut acquérir la parole autrement dit se transformer en homme.
Devenu un individu opulent il tente de se fondre dans le paysage c'est à dire dans la jungle des humains à l'égard de laquelle, quand il aura découvert les pièges dont elle est hérissée, il émettra de vertes critiques. Convoqué devant les augustes membres d'une académie il ne mâchera pas ses mots pour exprimer son inadéquation au monde de ceux que l'écrivain Vercors appelait les animaux dénaturés.
Seul en scène, Brontis Jodorowsky transformé en homme -singe a la mémoire longue et l'esprit en courroux. On sait que le déracinement produit des pathologies sociales. Ce qui est vrai pour les humains l'est aussi, l'acteur en fait superbement la démonstration, pour ceux qui appartiennent au règne animal. Alors qu'il a constamment les nerfs en pelote, il ne connaît d'apaisement que dans les bras d'une petite guenon. Hélas son regard d'animal domestiqué finira par l'exaspérer. Ce n'est que dans l'éructation qu'il trouvera la force de faire face à sa nuit. L'adaptation et la mise en scène de ce spectacle résolument belliqueux sont l'oeuvre d'Alejandro Jodorowsky, artiste à multiples facettes et père du comédien.
Jusqu'au 27 novembre Lucernaire tel 01 45 44 57 34
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