dimanche 7 février 2021

Hamlet de William Shakespeare

Gérard Watkins n'avait jusqu'à présent mis en scène que ses propres pièces. Il change aujourd'hui son fusil d'épaule afin de servir l'immense Shakespeare. Montrant une fois de plus qu'il n'a pas froid aux yeux, il a porté son choix sur Hamlet, assurément la pièce la plus démente de son auteur. On ne peut en outre que se féliciter qu'il a tenu à lui- même traduire cette oeuvre qui semble avoir été écrite dans un état second. Le miracle est que l'on est subjugué par la magnificence de la langue. Se rappelant que Sarah Bernahardt s'était glissée avec un succés devenu légende dans la peau et les humeurs ulcérées du prince de Danemark, il a confié le rôle à Anne Alvaro, sa talentueuse complice de toujours. Etoffée par une bande-son rock, la représentation démarre en force. Profondément atteint par la mort de son père, dont le spectre hante les lieux, Hamlet s'adresse à Gertrud, sa mère et à Claudius, son ursupateur d'oncle, avec des mots qui cachent sous leur vernis une haine inextinguible. Les événements se bousculent faisant vaciller les esprits et provoquant une cascade de morts. On sait gré à Gérard Watkins de nous faire découvrir des scènes cruciales d'ordinaire sacrifiées. Grâce à de saisissantes inventions scéniques le spectacle est de ceux, si rares, qui portent à de multiples endroits l'empreinte du génie shakepearien. Un spectacle qui, comme tant d'autres, ne sera rendu public que quand les temps seront redevenus normaux.

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