Au début des années 70 sortit sur les écrans un film - comme La nuit de chasseur de Charles Laughton - à nul autre pareil. Il s'agissait de Wanda réalisé par Barbara Loden qui était à l'époque la femme d'Elia Kazan. Le personnage central est inspiré par l'héroïne d'un fait divers avec laquelle la cinéaste se sentait, à l'évidence, de profondes affinités. Nulle mieux qu'elle n'aurait donc pu endosser ce rôle d'une femme qui vit de guingois. Dans le spectacle Marie Rémond prend la relève. Le prodige du théâtre est que ce petit bout de femme d'emblée ressemble comme deux gouttes d'eau au personnage central du film dont les traits et l'allure sont on ne peut plus éloignés des siens.
L'une des qualités les plus évidentes de cette création collective est qu'elle déjoue les classifications. Elle a, en effet, été conçue à partir d' improvisations réalisées par les trois acteurs : Clément Bresson, Sébastien Pouderoux et cela va sans dire Marie Rémond Et l'on passe émerveillé d'une scène du film à un épisode de la vie de cette femme pourvue de dons mais dont l'inadéquation au monde dans lequel elle échoua fut absolue.
Des scènes tragi- comiques nous éclairent sur ce que furent les relations entre Barbara Loden et Elia Kazan Celui-ci promit à sa femme de lui faire jouer le rôle de l'amante de Kirk Douglas dans son film "L'arrangement". Rôle qu'il confia, sans en avertir l'intéressée, à Faye Dunawaye Entortillé dans sa mauvaise foi, l'auteur de Sur les quais, A l'est d'Eden et autres splendeurs se montre tel qu'on imagine celui qui balança ses copain à la Commission des activités anti-américaines.
Si l'on ajoute que des friandises mélodiques ponctuent les récits enchevêtrés de ces trajectoires fracassées on mesurera le plaisir que procure cette représentation à la forme si ingénieusement aventureuse.
Jusqu'au 26 octobre La Colline tel 01 44 62 52 52
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