Il est des spectacles légèrement bancals mais dont certains scènes sont d'une si puissante beauté qu'elles nous laissent pantois. C'est le cas de ce Don Juan auquel s'affronte Marc Sussi pour ses débuts dans la mise en scène. Les pérégrinations sexuelles de cet homme dans la force de l'âge que seuls attirent les paroxysmes de l'existence ont si fréquemment les honneurs de la scène qu'on a le sentiment qu'ils ne peuvent plus nous surprendre. Et pourtant....
Les comédiens, à l'exception de deux d'entre eux, Simon Eine, ce notable de la scène et Philippe Bérodot qui incarne un Sganarelle particulièrement succulent, sont tous de jeunes pousses dont le maître d'oeuvre a su tiré un ingénieux parti. On retiendra parmi les moments forts de la représentation celui où Don Juan reçoit son créancier ,monsieur Dimanche, à qui il jure une amitié indéfectible mais le flanque courtoisement à la porte sans lui avoir cédé le moindre écu.Un autre moment de pur délice est celui ou notre homme, afin de passer quelques heures dorées dans les bras d'une accorte paysanne promise à un autre, la baratine jusqu'à lui promettre le mariage. Une seule comédienne joue les trois rôles féminins, celui d'Elvire dont les amples épanchements de douleur laisse son séducteur de marbre et ceux des filles de la campagne.Le final enfin, où le "héros" sourd aux sermons de son valet comme aux amers reproches de son père, se fait, d'une manière qu'il serait de mauvais goût de dévoiler, dévoré par le feu.
Ceux qui ont découvert ce Don Juan lors de sa création l'ont parfois mal accueilli. Il s'est au fil des représentations nettement étoffé. La preuve : le jeune public qui occupait les trois quarts de la salle était on ne peut plus attentif à la parole insoumise et aux manigances du plus célèbre jouisseur du théâtre classique
Jusqu'au 22 octobre Bastille tel 01 43 57 42 14 .
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